Pour ceux qui suivent les tendances de la mode, vous savez que les robes blanches sont en vogue ce printemps. Il était facile pour moi d’en trouver une qui répondait à mes besoins. Tenue de ville décontractée : oui. Lin : oui. Manches courtes : oui. Mi-longue : oui. Pliable : probablement.
Voyez-vous, on m’a demandé de prendre la parole à l’atelier Femmes et filles atteintes d’un trouble de la coagulation; saignements menstruels abondants dans le cadre du Congrès mondial 2024 de la FMH à Madrid. Le blanc était de mise.
Le thème qu’on m’avait confié était Communication interprofessionnelle. Quinze minutes. Quinze minutes pour partager mes quarante ans d’apprentissage et d’expérience à titre d’infirmière, et une dizaine d’autres années à titre de patiente qui compte sur cette communication. Avant de préparer ma présentation, j’ai vérifié la liste des inscriptions et j’ai été extrêmement heureuse de constater que la majorité des participants étaient des infirmières et des médecins. Il n’y avait pas suffisamment de temps pour leur enseigner tout ce que je devais leur enseigner, mais c’était l’occasion rêvée pour commencer à le faire. Je savais qu’il y avait beaucoup de données pour appuyer mes messages.
J’ai divisé la présentation en quatre parties. J’ai commencé par la science, en me référant au Consortium canadien pour l’interprofessionnalisme en santé : lignes directrices relatives aux compétences pour passer en revue les bases des communications en matière de santé. J’ai mis l’accent sur l’importance d’un langage respectueux, explicite et clair dans les communications écrites, verbales et non verbales.
Par la suite, j’ai exprimé mon souhait que les équipes adoptent un nouveau concept appelé protocole d’exposé structuré pour améliorer les communications, surtout dans les situations d’urgence. Par pure coïncidence (j’écris ce texte alors qu’on évacue des villes en Alberta en raison des feux de forêt), un des exemples que j’ai utilisés provenait de l’US Forest Service, qui utilise ce protocole. Il est essentiel de partager l’information critique en se basant sur ces points : situation, tâche, intention, préoccupation et calibrage. Il est facile d’établir des comparaisons entre le Service des forêts, qui réagit rapidement et efficacement pour sauver des vies dans un contexte de facteurs variables pendant un incendie, et un hématologue qui répond à un appel à l’aide pour un accouchement lorsqu’une mère en hémorragie est en danger.
Nous avons accès à une pléthore d’outils qui utilisent la science dans les communications interprofessionnelles. En plus des téléphones cellulaires, des dossiers médicaux électroniques, de la télémédecine, de Zoom et autres, nous avons des outils dans nos portefeuilles et autour du cou et du poignet, qui transmettent de l’information essentielle d’un professionnel de la santé à un autre. Ces outils sont accessibles au Canada depuis des années et ont contribué à sauver des vies : les cartes Facteur d’abord et Traitement d’abord, et les bracelets MedicAlert. Mais surtout, ces outils sont reconnus comme des ressources crédibles. J’ai encouragé les médecins et les infirmières à s’assurer que l’information est révisée et mise à jour annuellement et après un changement. Je doute que de nombreux patients se rendent compte qu’ils transmettent simplement une communication essentielle d’un professionnel de la santé à un autre, mais qu’ils ont néanmoins des responsabilités à l’égard de ces ressources.
Enfin, j’ai parlé du poids des mots dans une note de consultation. Idéalement, avec les dossiers médicaux électroniques, chaque membre d’une équipe de soins qui est impliqué y a accès. Je travaille avec un pneumologue qui enseigne à nos résidents et nos boursiers d’écrire une note de consultation Si je devais mourir ce soir. Autrement dit, la note doit être complète et bien détaillée. Donnez les détails du point de vue d’un expert. Aidez les autres à comprendre la situation, la tâche, l’intention, les préoccupations/risques, puis calibrez. N’oubliez pas que la note est essentielle aux bons résultats pour les patients.
Ces quinze minutes sont passées très vite, du moins pour moi. En constatant qu’un bon nombre de participants étaient toujours attentifs et intéressés, je me suis demandé s’ils avaient remarqué ma robe – une forme non verbale de communication. J’avais délibérément choisi cette robe blanche pour ma présentation. Je leur ai raconté qu’à partir de l’âge de neuf ans jusqu’au début de la quarantaine, en tant que femme atteinte d’un trouble de la coagulation, je n’avais jamais osé porter une robe blanche, sauf à mon mariage.