Tous les deux ou trois ans, Héma-Québec et la Société canadienne du sang (SCS) lancent des appels d’offres aux fabricants de produits de facteur VIII et de facteur IX recombinants approuvés au Canada. Ces appels d’offres sont très similaires à ce qui se fait à l’échelle commerciale.
Les appels d’offres de la SCS ont été lancés au printemps 2021 et les résultats seront annoncés plus tard cet automne. Les appels d’offres d’Héma-Québec seront lancés très bientôt. Dans les deux cas, les contrats entreront en vigueur le 1er avril 2022, même si la transition entre les contrats actuels et ceux de 2022-2024 peut s’effectuer avant ou même après la date officielle du 1er avril.
L’évaluation des diverses soumissions est devenue plus compliquée ces dernières années. Il existe maintenant 10 produits recombinants de facteur VIII et cinq de facteur IX approuvés par Santé Canada et potentiellement admissibles. En outre, ces produits ont des demi-vies différentes, de sorte qu’une unité internationale (UI) de l’un n’équivaut pas toujours une UI d’un autre. Il y a également des différences au plan de leur date d’arrivée sur le marché, de leur popularité générale, des résultats des essais cliniques dont chacun a fait l’objet, de leurs indications et des patients qui y sont candidats (certains ne sont pas approuvés pour les enfants) et de leurs conditions et durée de conservation, pour ne nommer que quelques-uns des éléments qui entrent en ligne de compte. De plus, on dispose à présent d’un produit sans facteur de remplacement, l’émicizumab, un anticorps monoclonal bispécifique qui imite le facteur VIII et qui est maintenant approuvé pour le traitement de l’hémophilie A; il entre en concurrence avec les produits dérivés du FVIII.
Pour le récent appel d’offres de la SCS, comme pour les précédents, la SCS a mis sur pied un comité consultatif de sélection pour évaluer les soumissions des différents fabricants. En plus de regrouper des membres du personnel de la SCS qui représentent les volets médical, scientifique, juridique et financier, six experts externes ont été invités, soit deux représentants de l’Association canadienne des directeurs de cliniques d’hémophilie, de l’Association canadienne des infirmières et infirmiers en hémophilie et de la Société canadienne de l’hémophilie.
Avant même d’émettre son appel d’offres, le comité de sélection a dû s’entendre sur les renseignements à demander aux fabricants, sur les caractéristiques à évaluer et l’importance (le poids) de chacune. Après réception des soumissions, les membres du comité de sélection ont dû passer en revue les volumineux dossiers (imprimé, chacun aurait constitué une pile pouvant aller jusqu’au plafond), assigner une note pour chaque caractéristique de chaque produit et fournir une justification. Une fois les produits notés, le prix des différents produits ont été fournis aux membres du comité et intégrés à la valeur finale. On a aussi tenu compte du problème qui consiste à devoir éventuellement obliger les patients à changer de produits dans le cas où un produit actuellement remboursé ne le serait plus en vertu du nouveau contrat. Puis le comité en est arrivé par voie de consensus à une recommandation sur les produits à privilégier, idéalement. La recommandation a ensuite été présentée à l’équipe de direction de la SCS pour la décision finale et l’appui du Conseil d’administration de la SCS.
Le comité de sélection s’est réuni par vidéoconférence plus d’une quarantaine de fois pour des périodes allant d’une à six heures, entre janvier et juillet 2021. Clairement, les vidéoconférences et le temps consacré à leur préparation ont représenté un incroyable investissement de la part des personnes impliquées, surtout pour celles qui devaient ajouter cette contrainte à un horaire professionnel déjà chargé.
À la fin, tous les membres du comité de sélection avaient le même but : procurer le plus vaste éventail des produits les plus sécuritaires et efficaces au meilleur prix pour le traitement de l’hémophilie A et B.